Ben alors jolie Louise, un petit coup de mou ? Ca va pas bien d'être aussi dure avec toi
Primo, c'est normal d'avoir le moral dans les chaussettes. La période que l'on vit n'a rien de normal, et ce serait sacrément bizarre si tu t'épanouissais alors que partout ça pue. D'accord, les médias relaient essentiellement les messages de warriors, au mieux « pour nous donner des idées » comme le dit Caféine, au pire pour nous contraindre à la résilience (si, si, au pire : déjà, quand la résilience devient politique, ça pue et quand ça devient un mantra "Yes YOU can", ben ça pue encore plus.) D'accord, je sais que apocalypse, ça veut aussi dire révélation, que crise se traduit de deux idéogrammes l'un pour dire que c'est la cata, l'autre pour dire : chouette !, toussa toussa. Soit.
Sauf que, Jolie Louise, tu es (a priori) une personne normale qui préfère être en bonne santé que malade, être aimée que maltraitée, faire des trucs sympa plutôt que te faire chier, et ça c'est cool !
Et là, patatras, tu dois subir une privation de liberté (je vous entends : la Ema elle est zinzin à tourner en rond dans ses zonzons. Non, non. Et puis c'est Caféine qui en a parlé la première.) Et face à cela, chacun à une réponse différente, par exemple :
Il y a ceux qui vont aller à contre le courant et se cogner dans les angles. Ouille.
Il y a ceux qui attendent, diversifient des activités occupationnelles. Ca peut passer mais plus l'attente est longue plus la casse est grande.
Il y a ceux qui admettent, font avec, voire en tire quelque chose. Chouette ! mais putain, quelle énergie psychique cela demande ! On n'est pas tous des warriors et en plus faut être sacrément bien entouré, même virtuellement
Et puis il y a ceux qui font le dos rond, se mette en mode hibernation dans une grotte toute tapissée d'un velours rose ou lilas, en attendant de voir les printemps. Pourquoi pas.
Il n'y a pas UNE réponse à une privation de liberté et du moment que ça fait tenir la durée de la peine (et au-delà), ben impec.
Deuxio, ton « rien faire quotidien », c'est tout sauf du rien : faire ses courses, se préparer à manger, entretenir son chez-soi, c'est une façon banale sans doute mais vitale, de prendre soin de soi. Choisir ce que l'on va croûter, c'est prendre une décision. Se faire chier à peler une carotte ou mettre du rapé sur la boîte de raviolis avant de la passer au four, c'est prendre soin de son corps. Faire du ménage, c'est mettre du beau dans sa vie. C'est mettre de la vie dans sa vie. Et ça, ce n'est pas rien. Pantoute.
Est-ce exaltant ? Non. Mais ce n'est pas rien non plus. Peut-être fais-tu partie de ces gens qui ne peuvent se livrer à un occupationnel dénué de sens et que "remplir du temps" est encore plus flippant que le voir filer ? (après, des fois, c'est en forgeant qu'on devient forgeron et bien des passions naissent d'un désoeuvrement). Alors vois-tu, ces activités que tu considères comme du rien, c'est tout le contraire, c'est une charpente.
Ce qui nous mène à mon Tercio. Visiblement, tu es passé en mode Besoins primaires. Ce n'est pas bien grave en soi. Ce qui pourrait (conditionnel, hein!) être embêtant, ce serait (conditionnel) deux choses.
D'abord, un delta entre des aspirations et leur impossible mise en œuvre du fait de cette privation de libertés. Jej33 met à profit cette période pour aller loin dans l'oeuvre de Mathias Malzieu car cet artiste fait écho à quelque chose en lui ; cela fait sens pour lui, donc ses aspirations et la mise en œuvre coïncident. La mère de Caféine exploite au mieux les interstices des attestations dérogatoires pour aller se défouler dehors, impec.
Pour le moment, tu sembles avoir trouvé une réponse en te mettant en mode "hibernation". D'accord, elle est pas hyper likeable sur les réseaux sociaux. Mais elle est aussi normale que d'autres réponses, certes sûrement banale à l'échelle d'internet (qui est quand même un vaste mensonge où l'on fait prendre des vessies pour des lanternes), mais vitale pour toi et les gens qui t'aiment. Ca vaut le coup de l'apprécier à sa juste valeur non ?
Maintenant, comme le dit Caféine : « un petit passage d'apathie, d'asthénie ou autre, faudrait pas trop que ça dure ».
Ne te juge pas trop durement. Tu fais ce que tu peux pour tenir bon dans une période bien anxiogène. La sortie est pour bientôt. Maintenant, si l'isolement est trop dur ou si la perspective de retour à la normale est source d'angoisse, tu n'es pas une incongrüité, alors ne te sens pas con à l'idée d'appeler ton médecin.
Seul conseil que je vais te donner : planquer Katagena sous ton matelas et se passer 'Planche à roulettes' en boucle
