La Taverne de Saez

Et puis tout d'un coup tout devient pluie
À chaque pas, tenter de retrouver un souffle, une espérance que sais-je..
À chaque pas essayer d'en avoir à franchir à l'infini

Les larmes sortent seules,
Sans penser,
Sans souvenirs,
Sans images,
Comme un puit inépuisable

Et puis ces mains gelées qui ne trouvent chaleur dans aucuns bras d'un quelconque autre
Et puis ces larmes qui ruissellent comme un jour de pluie sans arrêt, comme si ma peau était une terre devenue si aride, que même des flots n'arrivent à en raviver les maigres joies passées.

Puis y'a jamais personne qui frappe à la porte,
Que ces larmes et ces mains gelées,
Que ces yeux qui recherchent sans cesse une épaule pour s'y poser,
Que ce cerveau qui se noie dans un océan du vide qui m'entoure.

Constater en ouvrant la porte de la taverne que Marine y a laissé ses si jolis mots. Des mots un peu mouillés mais de cette pluie qui sature les couleurs. C'est beau.

Je découvre les mots des maux de Marine ....que je connais pas et à qui j'ai pensé dimanche dernier en traversant furtivement Guérande...

Qu'aurons nous gagné à fuir la vie pour éviter la mort ?
Qu'aurons nous acquis en savoir vivre en s'interdisant même de parler à l'inconnu
Et qu'aurons nous vraiment vécu lors de ces années endormies.

Nous n'aurons plus que quelque heures de libertés par jour
Nous n'aurons plus le droit de rire d'un artiste-clown qui jadis gagnait sa vie à jouer sur les pavés
Nous aurons plus le droit que d'être gavé de leur culture vidé de toutes émotions, vidé de toutes vies
Nous aurons plus que des vagues souvenirs du temps d'avant pour nous permettre de sourire

Vieux, jeunes, moins jeunes,
Parqués sur des croix au sol
Autorisés à parler pour dire "oui maître"
Gazés quand ils oseront bredouiller un "non"
Autorisés à payer quand ils voudront respirer à l'air libre le vent léger qui amène le printemps

Que tout ceci est triste à mourir
On ne combat pas la mort en enlevant la vie
On ne peut rester "en vie" tout en évitant la mort à tout prix.

Que tout ceci est triste à mourir.