Re: Bandes Dessinées
Publié : 27 juin 2020 12:45
Ma fille, mon enfant – David Ratte – 95 pages
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« Le jour où Chloé annonce à sa mère que son petit copain s'appelle Abdelaziz, la nouvelle passe mal. Car, bien qu'elle s'en défende, Catherine est raciste. Et que personne ne se berce d'illusions, elle désapprouve cette liaison et ne se prive pas de le faire savoir. Les relations entre la mère et la fille se tendent, se détériorent, s'amenuisent, puis disparaissent. Quand un événement tragique frappe Abdelaziz, Catherine veut soutenir sa fille. Mais le lien est rompu. » 4e de couv.
Qu'il est dur de voir partir ses enfants. Pendant des années, les parents mettent tout leur amour à faire grandir cette petite chose et à lui transmettre ce qui compte pour eux, et sans crier gare, voilà qu'il ou elle leur échappe. Au bras d'un quelqu'un qu'ils n'ont pas choisi et dont ils ne peuvent s'empêcher de dresser le bilan des actifs et des passifs. Car comment confier ce que l'on a de plus précieux à un inconnu ? Même la SPA assure un suivi des adoptants.
Alors l'intrus est disséqué. Trop racisé, trop croyant ou trop athé, trop gros ou trop petit, trop mou ou trop fade, trop ambitieux ou trop plan-plan, trop original ou trop conventionnel, trop à droite ou trop à gauche, trop famille ou trop indépendant, trop ce que vous voulez. Et si Trotro est un âne, ce n'est pas un hasard.
Ici, c'est le racisme qui empêche Catherine de voir Chloé voler de ses propres ailes. Catherine aime sa fille et justement ! -pour ainsi dire-, elle veut quelqu'un qui soit à la hauteur de ce qu'elle estime être bien pour elle. Les arabes, elle a un plein wagon de préjugés dessus, et pas des plus positifs. Elle n'est pas raciste non, mais plus ils sont loin d'elle, mieux c'est. Alors, en faire entrer un dans la famille, non, c'est juste pas possible. Chloé s'est forcément trompée et sa mère est là pour l'aider à faire preuve de clairvoyance.
Et c'est le début du combat des bourriques. L'une s'arc-boute sur ses préjugés et chavire dans la violence, tandis que l'autre considère la situation avec tout le recul d'une adolescente amoureuse. Le père pacifie ce qu'il peut, aime sa femme qui l'exaspère et qu'il contre, et soutient sa fille d'un amour lucide et empli de joie.
L'histoire aurait pu s'arrêter là. Les auteurs auraient pu laisser le temps au temps et se pencher sur l'évolution au long cours des relations familiales bousculées par l'arrivée de l'intrus. On peut imaginer une pacification à petits pas, une découverte réciproque, une adaptation à un réel qui ne changera pas. Au lieu de cela, David Ratte a choisi la ficelle un peu grosse du drame qui oblige la mère à considérer qu'elle s'est comporté comme une abrutie. Pathos et culpabilité qui s'achèvent dans un happy-end que j'ai trouvé un peu malaisant si l'on considère la nature du drame. Dommage, j'aurais tant aimé que la maturation vienne de ses rencontres.
Reste une histoire écrite et dessinée avec beaucoup d'humanité. Le trait expressif supporte une forme de rigidité qui contribue paradoxalement à renforcer les émotions à fleur de peau des femmes de ce récit. Les couleurs en transparence de Mateo Ratte laissent transpirer l'atmosphère de tension qui s'épanouit dans un décor lumineux où tout semble parfaitement à sa place, isolant davantage les protagonistes de ce maelström affectif.
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Au-delà de la bêtise du racisme et des préjugés, cette histoire parlera aux mamans et aux papas qui regardent forcément de travers celui ou celle qui leur prend leur canard pour l'emmener au pays des adultes.
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« Le jour où Chloé annonce à sa mère que son petit copain s'appelle Abdelaziz, la nouvelle passe mal. Car, bien qu'elle s'en défende, Catherine est raciste. Et que personne ne se berce d'illusions, elle désapprouve cette liaison et ne se prive pas de le faire savoir. Les relations entre la mère et la fille se tendent, se détériorent, s'amenuisent, puis disparaissent. Quand un événement tragique frappe Abdelaziz, Catherine veut soutenir sa fille. Mais le lien est rompu. » 4e de couv.
Qu'il est dur de voir partir ses enfants. Pendant des années, les parents mettent tout leur amour à faire grandir cette petite chose et à lui transmettre ce qui compte pour eux, et sans crier gare, voilà qu'il ou elle leur échappe. Au bras d'un quelqu'un qu'ils n'ont pas choisi et dont ils ne peuvent s'empêcher de dresser le bilan des actifs et des passifs. Car comment confier ce que l'on a de plus précieux à un inconnu ? Même la SPA assure un suivi des adoptants.
Alors l'intrus est disséqué. Trop racisé, trop croyant ou trop athé, trop gros ou trop petit, trop mou ou trop fade, trop ambitieux ou trop plan-plan, trop original ou trop conventionnel, trop à droite ou trop à gauche, trop famille ou trop indépendant, trop ce que vous voulez. Et si Trotro est un âne, ce n'est pas un hasard.
Ici, c'est le racisme qui empêche Catherine de voir Chloé voler de ses propres ailes. Catherine aime sa fille et justement ! -pour ainsi dire-, elle veut quelqu'un qui soit à la hauteur de ce qu'elle estime être bien pour elle. Les arabes, elle a un plein wagon de préjugés dessus, et pas des plus positifs. Elle n'est pas raciste non, mais plus ils sont loin d'elle, mieux c'est. Alors, en faire entrer un dans la famille, non, c'est juste pas possible. Chloé s'est forcément trompée et sa mère est là pour l'aider à faire preuve de clairvoyance.
Et c'est le début du combat des bourriques. L'une s'arc-boute sur ses préjugés et chavire dans la violence, tandis que l'autre considère la situation avec tout le recul d'une adolescente amoureuse. Le père pacifie ce qu'il peut, aime sa femme qui l'exaspère et qu'il contre, et soutient sa fille d'un amour lucide et empli de joie.
L'histoire aurait pu s'arrêter là. Les auteurs auraient pu laisser le temps au temps et se pencher sur l'évolution au long cours des relations familiales bousculées par l'arrivée de l'intrus. On peut imaginer une pacification à petits pas, une découverte réciproque, une adaptation à un réel qui ne changera pas. Au lieu de cela, David Ratte a choisi la ficelle un peu grosse du drame qui oblige la mère à considérer qu'elle s'est comporté comme une abrutie. Pathos et culpabilité qui s'achèvent dans un happy-end que j'ai trouvé un peu malaisant si l'on considère la nature du drame. Dommage, j'aurais tant aimé que la maturation vienne de ses rencontres.
Reste une histoire écrite et dessinée avec beaucoup d'humanité. Le trait expressif supporte une forme de rigidité qui contribue paradoxalement à renforcer les émotions à fleur de peau des femmes de ce récit. Les couleurs en transparence de Mateo Ratte laissent transpirer l'atmosphère de tension qui s'épanouit dans un décor lumineux où tout semble parfaitement à sa place, isolant davantage les protagonistes de ce maelström affectif.
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Au-delà de la bêtise du racisme et des préjugés, cette histoire parlera aux mamans et aux papas qui regardent forcément de travers celui ou celle qui leur prend leur canard pour l'emmener au pays des adultes.