Re: Bandes Dessinées
Publié : 26 janv. 2020 18:15
Modigliani, Prince de la bohème – Laurent Seksik et Fabrice Le Hénanff
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Cette biographie s'intéresse aux trois dernières années de la vie du peintre, de 1917 à 1920.
Modigliani est un homme rongé. Tuberculose. Absinthe. Opium. Pauvreté. Culpabilité à ne pas pouvoir combattre tandis que d'autres artistes sont envoyés au front. Mépris pour son agent. Colère face au déni de son génie où ses délicats portraits sans pupilles sont jugés inquiétants et ses nus condamnés pour montrer des sexes de femmes avec des poils.....
Jeanne, sa compagne, son modèle, sa muse, peine à le faire tenir debout. Il fnira par accepter de s'éloigner de Paris la brumeuse pour se soigner mais l'éclatante lumière méridionale brûle les couleurs de sa palette intérieure et l'empêche de créer. Retour à Paris où il mourra peu après. Jeanne se suicide le lendemain, laissant une petite Jeanne de quelques mois aux bons soins de la mère de Modigliani.
Le dessin de Le Hénanff ne peut pas laisser indifférent, et ce n'est pas l'immonde couverture qui va plaider en sa faveur. Empruntant à des techniques multiples, il offre une atmosphère sombre qui met en valeur l'atmosphère délétère d'un Paris peu enclin à l'élévation et au beau, tandis que les gueules cassées rentrent par convois entiers. Mais la réussite du dessinateur consiste à ne pas s'oublier dans un esthétisme autosuffisant que l'on rencontre parfois et qui oublie l'aspect narratif du support destiné à raconter une histoire. Ici, les personnages sont incarnés, vivants. D'un regard, d'un geste, d'une attitude, le récit avance sans perdre en intensité, y compris lorsque quatre planches pleines énoncent comme une litanie les artistes sacrifiés au combat.
Les tons pastels permettent aux personnages de déployer leur beauté et leur médiocrité d'humains réagissant avec douceur et détermination ou désespoir et dégoût à une époque où vivre est perçue comme une incongruité, avant le grand lâcher prise des années folles.
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Dans cet album fort et sans parti-pris, les auteurs montrent un artiste dans toute sa complexité, fragile mais bravant la mort, sensible et rugueux, délicat et rustre, invivable mais indispensable. Un très beau portrait d'un artiste charbonneux et incandescent.
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Cette biographie s'intéresse aux trois dernières années de la vie du peintre, de 1917 à 1920.
Modigliani est un homme rongé. Tuberculose. Absinthe. Opium. Pauvreté. Culpabilité à ne pas pouvoir combattre tandis que d'autres artistes sont envoyés au front. Mépris pour son agent. Colère face au déni de son génie où ses délicats portraits sans pupilles sont jugés inquiétants et ses nus condamnés pour montrer des sexes de femmes avec des poils.....
Jeanne, sa compagne, son modèle, sa muse, peine à le faire tenir debout. Il fnira par accepter de s'éloigner de Paris la brumeuse pour se soigner mais l'éclatante lumière méridionale brûle les couleurs de sa palette intérieure et l'empêche de créer. Retour à Paris où il mourra peu après. Jeanne se suicide le lendemain, laissant une petite Jeanne de quelques mois aux bons soins de la mère de Modigliani.
Le dessin de Le Hénanff ne peut pas laisser indifférent, et ce n'est pas l'immonde couverture qui va plaider en sa faveur. Empruntant à des techniques multiples, il offre une atmosphère sombre qui met en valeur l'atmosphère délétère d'un Paris peu enclin à l'élévation et au beau, tandis que les gueules cassées rentrent par convois entiers. Mais la réussite du dessinateur consiste à ne pas s'oublier dans un esthétisme autosuffisant que l'on rencontre parfois et qui oublie l'aspect narratif du support destiné à raconter une histoire. Ici, les personnages sont incarnés, vivants. D'un regard, d'un geste, d'une attitude, le récit avance sans perdre en intensité, y compris lorsque quatre planches pleines énoncent comme une litanie les artistes sacrifiés au combat.
Les tons pastels permettent aux personnages de déployer leur beauté et leur médiocrité d'humains réagissant avec douceur et détermination ou désespoir et dégoût à une époque où vivre est perçue comme une incongruité, avant le grand lâcher prise des années folles.
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Dans cet album fort et sans parti-pris, les auteurs montrent un artiste dans toute sa complexité, fragile mais bravant la mort, sensible et rugueux, délicat et rustre, invivable mais indispensable. Un très beau portrait d'un artiste charbonneux et incandescent.