Michel Rabagliati, « Paul... »
Michel Rabagliati est l'heureux papa d'une série de romans gaphiques plus ou moins autobiographiques justement acclamée: les « Paul ».
Paul est l'alter ego de son auteur, un personnage tout en sensibilité qui parle autant de la vie que de la sienne. C'est sûrement pour cette dimension universelle qu'il nous touche autant depuis cette belle année 1999.
Dans un dessin en noir et blanc inspiré de la ligne claire dynamique de Franquin, Paul traverse la vie, témoin à fleur de peau des menus drames et grandes réjouissances de la vie, ou le contraire, selon ce que propose le balancier de la vie. Le ton est toujours extrêmement délicat et distille un regard tendre ou doux-amer non dénué d'humour et d'une auto-dérision jamais forcée.
La set-list commence donc par « PAUL A LA CAMPAGNE», petit recueil de deux histoires courtes : « Paul à la campagne » donc et « Paul apprenti typographe ».

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Ces deux histoires donnent le ton de l'oeuvre. Dans la première, Paul a la petite quarantaine et, accompagné de femme et enfant, part retrouver ses parents à la campagne. C'est l'occasion d'un va-et-vient entre ses souvenirs d'enfance et sa vie d'adulte. Cette structure présent/passé sera l'une des composantes récurentes de l'oeuvre, mettant en avant l'enchevêtrement des parts endogène et exogène des destins de lui, des autres, de nous.
La chronique intimiste et sociale à travers le prisme de Paul se poursuit dans la deuxième histoire du recueil, « Paul apprenti typographe » où un jeune Paul de 9 ans, commence à expérimenter, faire des choix. Douter, expérimenter, analyser, tester-tenter, questionner, vivre. Quotidien et expériences exceptionnelles sont traitées avec la même intensité grâce aux qualités intrinsèques du personnage et des autres caractères qui deviennent vite familiers et par la grâce d'un dessin extrêment expressif aux décors judicieusement travaillés mettant en valeur l'amour de l'auteur pour La Belle Province, décors sur lesquels on a plaisir à s'arrêter.
A partir de là, deux possibilités : poursuivre l'oeuvre en respectant l'ordre de parution ce qui permettra de constater l'évolution du dessin, la narration ayant peu changé depuis l'origine (ce serait dommage, tant elle est efficace!), soit suivre l'avancée en âge des personnages. Technique bien instable et futile tant les mouvements vers le passé réécrivent en l'enrichissant les (més-)aventures de Paul et des siens. Essayons quand même.

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Paru en 2011, PAUL AU PARC, s'intéresse au début des années 70.Paul a une petite dizaine d'année et en 150 pages, il va découvrir en même temps les scouts et l'appartenance à un groupe, le sentiment amoureux, l'intrusion du politique dans sa vie de petit garçon, la mort et la fatalité qui l'accompagne parfois, l'art et la BD en particulier. Ce volume inaugure les prologues en planche silencieuse qui donne la tonalité du livre.

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Paru en 2015, PAUL DANS LE NORD, voit l'émancipation d'un adolescent intemporel entre virées avec les potes avec petites et grandes conneries qui les accompagnent, petits boulots pour financer la moto, éveils des sens et amour transi, puis désespérance face à l'abandon, et finalement choix d'aller de l'avant.

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Retour en arrière graphiquement, PAUL A UN TRAVAIL D'ETE est paru en 2002. Le lire à ce stade là, permet de mesurer le travail impressionnant réalisé par le dessinateur. Le Paul-papa se rémémore sa première expérience d'animateur de camp d'été. Il découvre ce que signifie être responsable d'enfants, prélude à la relation qu'il aura avec sa fille.

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PAUL EN APPARTEMENT, paru en 2004, est dans la continuité du précédent.Il correspond aux années d'étude en graphisme de l'auteur et son installation avec la femme avec laquelle il vivra une relation de trente ans. Rabagliati confirme ici son fil rouge, à savoir que c'est du quotidien que surgit l'extraordinaire.

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Récit de 200 pages que l'auteur range parmi ceux qui ont été les plus douloureux à écrire, PAUL A LA PECHE, est paru en 2006 dans la continuité narrative du précédent.Désir d'enfant et responsabilités, premier bilan de vie professionnelle, désir d'un ailleurs et confrontation au réel, Rabagliati creuse profond jusqu'à la douleur des blessures intimes que l'on ne révèle qu'aux très intimes ou aux étrangers.

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Toujours dans la continuité, toujours dans le même format, PAUL A QUEBEC, paraît en 2009. Une réunion familiale donne prétexte à mesurer le chemin parcouru par les personnages. La petite famille s'installe. La vie suit son cours, rythmée par les menus emmerdements, petites déceptions et tentatives plus ou moins réussies de rebonds. La routine professionnelle s'installe et la sécurité avec elle. La beauté et la dureté du quotidien donc, jusque dans les pages consacrées à la mort programmée du beau-père, où le rire, le rêve, et la poésie illuminent ce qui aurait pu être plombant. La légèreté comme une nécessité.
Avant d'attaquer la nouveauté 2019, Paul à la maison, petit interlude.

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PAUL DANS LE METRO est un recueil paru en 2005 de toute petites histoires prépubliées dans différents magazines entre 1999 et 2004. Humour, auto-dérision, décalage voire surréalisme embaument ces histoires pêle-mêle qui forment un condensé d'une créativité à la fois à tout-va quant aux situations traitées et bigrement cohérentes quant au traitement qui leur est donné. Une bouffée de bonne humeur en moins de 100 pages.
Retour à la nouveauté 2019 : PAUL A LA MAISON.

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Sûrement l'album le plus mélancolique de tous. Bilan de la cinquantaine oblige. Faut dire que la zone de turbulence est chargée : séparation de sa compagne depuis 30 ans, maladie et mort de sa mère, départ de son enfant de l'autre côté du monde. En plus elle est devenue vegan ! La maison est bien grande, vide. Un peu inutile donc laissée à l'abandon. Un peu comme sa piscine qu'il s'escrime à tenir à flots. Un peu comme lui donc.
Paul fait le deuil de sa mère comme il fait le deuil de son mariage. Mais qu'en est-il de sa relation avec son enfant ? Ce départ est-il une séparation ? Jusqu'à quel point y perd-il ? De désillusions en petites victoires quotidiennes, Paul est paumé mais avance. A petits pas, mais il avance. Et les seconds rôles, comme autant de cailloux dans sa chaussures, apportent un contrepoint décalé et plein d'humour qui donne un récit où là encore, la légèreté le dispute à la mélancolie.

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Voilà ! Si votre libraire ou votre médiathèque n'a pas l'un de ces titres en stock, montrez-leur tout ce qu'ils perdent !
Et pour finir de vous convaincre que Michel Rabagliati est un conteur en images de grande classe, plongez-vous dans PAUL A MONTREAL.

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Cet art-book paru en 2017 regroupe les reproductions des 12 tableaux dessinés représentant douze moments de l'histoire de Montréal, tableaux disséminés dans un parcours urbain à la demande de la ville pour son 375e anniversaire.

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