Article en effet très intéressant qui brasse la dimension psychologique et sociologique de la fanattitude. L'analyse du mépris de classe qu'ont les "bien-pensants" pour la musique populaire est très pertinente!
"Mais alors, y a-t-il des styles musicaux plus susceptibles que d’autres de déchainer les passions ? En théorie, on peut être fan, même à l’extrême de n’importe quel genre. Tous ont leurs adeptes, leurs experts, leurs originaux. Comme le souligne le sociologue Gabriel Segré, on peut retrouver le même degré d’implication, d’investissement d’argent, de temps et d’effort chez « les fans de rock’n’roll, de variété, de death metal » ou de musique classique. C’est plutôt dans la question du regard que portent les non-fans sur eux que tout change. « Les amoureux éperdus de musique lyrique ou de musique stochastique seront plus volontiers qualifiés d’amateurs éclairés, de passionnés, de spécialistes ou encore d’aficionados que de fans », se désole le sociologue. Une vision terrible pour les fans de musique populaire : « Au mieux, ils sont dénoncés comme risibles et souvent tournés en ridicule. Ils apparaissent alors comme les victimes de l’industrie culturelle, consommateurs passifs, aliénés et abusés, vaches à lait sous influence. Au pire, ils sont perçus comme des menaces, des dangers pour eux-mêmes et pour la vedette, on les fait passer pour des stalkers, des hystériques… » résume Gabriel Segré. Résultat, la plupart des fans hardcore n’en parlent même pas à leurs proches, de peur de se faire juger. Un mépris de classe qui s’accompagne aussi généralement de sexisme."